L'annee du benevolat necessite une forte volonte politique de soutien  aux ONG
A  l'heure actuelle, malgre toutes les declarations generales soulignant  !'importance du benevolat, Ia situation juridique et financiere relevant  de cet engagement n'est pas de nature a favoriser reellement le  benevolat au Luxembourg.
Ainsi 20 organisations non  gouvernementales avaient lance en 2010 - Iars de leur avis concernant le  projet de loi portant reforme de Ia legislation sur les associations a  but non lucratif (amendant Ia loi datant de 1928) - un appel urgent au  Gouvernement, afin de favoriser plus concretement
!'engagement au sein de Ia societe civile.
En  supplement a Ia reforme de Ia legislation concernant les asbl (datant  dans son essence de 1928 (!)), bien d'autres initiatives tres concretes  s'imposent en effet, telles que Ia promotion de l'echange culture! entre  les groupes de population (il faut des instruments adaptes afin de  pouvoir surmonter les barrieres linguistiques dans de nombreuses  organisations, p.ex. un soutien financier direct aux organisations non  gouvernementales afin de leur permettre de traduire davantage leurs  bulletins I conferences dans d'autres langues usuelles du pays)  ou Ia promotion du benevolat par le biais de mesures fiscales  (notamment en reconnaissant au plan fiscal !'engagement benevole par des  abattements fiscaux forfaitaires). C'est dans cette meme perspective  qu'une discussion sur le systeme d'assurances pour les ONG s'impose.
Malheureusement ces propositions n'ont jusqu'a ce jour pas trouve d'echo aupres des instances officielles.
Dans  le cadre de I'annee du benevolat 2011, le Gouvernement se doit, avant  toute chose, de ne plus reduire son « soutien » aux ONG et ceci  prioritairement a des declarations generales
n'entrainant aucun  engagement reel. II lui incombe, tout  au contraire, de concretiser sa  volonte de soutenir le benevolat par des mesures reelles, repondant aux  besoins des ONG en tant qu'acteurs-cle de Ia societe civile  au  Luxembourg.
Les ONG signataires adressent ainsi un appel  urgent au Gouvernement, afin de faire avancer les discussions sur Ia  reforme de Ia legislation concernant les ASBL et de se pencher tres  concretement sur les moyens permettant de favoriser directement le  benevolat.
Le conge associatif- un element cle!
Pour  maintes ONG !'introduction du conge associatif est un element central  qui permet de favoriser activement le benevolat au Luxemburg. Ce n'est  pas sans raison que des ONG s'etaient deja engagees pour un tel conge  dans leur avis de 2010. Citons un extrait de cet avis:
(( Introduction du « conge associatif » : les personnes engagees consacrent a ((  leur » organisation beaucoup de leur temps fibre, if demeure done important que /'engagement continue a reposer
fortement sur cet engagement benevole. II est limite cependant, en partie, lorsqu'il s'agit, par ex., de participer a certaines reunions par ex. a des entretiens officiels, des rendez-vous  de presse. II serait done indispensable de permettre, pour un nombre limite de telles organisations et personnes, une
certaine exoneration de travail. »
Ce  principe connait maintenant une nouvelle actualite. En effet, en  decembre 2000 le depute Alex Bodry avait depose une proposition de loi  portant sur !'institution d'un conge associatif - Ia proposition de loi  s'inscrivait selon les documents parlementaires dans une (mouvelle volonte politique de definir
un cadre de soutien global a /'engagement volontaire».  Ainsi il visait a modifier Ia loi modifiee du 4
octobre  1971 concernant !'institution d'un conge-education, afin de permettre  aux ONG d'etre representees aupres des instances officielles. Citons un  extrait de Ia proposition de loi. ((  Par ((instances officielles », on  entend des reunions officielles auxquelles  les representants des  organisations  non gouvemementales sont convoques par une autorite  nationale pub/ique, ou par une institution intemationale  ».
La proposition de loi a apparemment ete suspendue pendant une dizaine d'annees: Mais en date du
18  mars 2010 Ia Chambre a decide, fait hautement appreciable, de  poursuivre activement Ia procedure legislative relative a Ia proposition  de loi du depute A Bodry, et non pas de Ia classer sans suite (un sort  que beaucoup d'autres projets de loi ont connu)!
Les ONG  felicitent Ia Chambre des Deputes de sa decision de vouloir se pencher   sur Ia proposition de loi relevant du conge associatif.
II  est cependant  evident  que Ia proposition de loi devrait etre remaniee  partiellement et ceci au vu des evolutions des annees passees. Ceci  tant en ce qui concerne !'evolution du milieu associatif qu'en ce qui  concerne !'adaptation a Ia situation juridique (en tenant compte  notamment de Ia reforme de Ia loi cadre concernant le conge-education).
II serait des lors necessaire de reprendre Ia proposition de loi A. Bodry et de Ia replacer dans le contexte actuel.
Les  organisations signataires demandent instamment au Gouvernement eta Ia  Chambre des Deputes de poursuivre le processus declenche par cette  proposition de loi et se permettent de relever a nouveau Ia necessite  d'un tel conge associatif.
II est evident que Ia base des  ONG est et restera le benevolat. Reunions internes, organisation  d'activites etc. : tous ces travaux se font et continueront assurement a  se faire dans le temps libre de nombreuses personnes engagees a titre  benevole.
Force est cependant de constater que les ONG doivent faire face a de nouveaux defis societaux;
pour n'en relever que quelques uns :
II  existe une nette tendance  au sein du Gouvernement  de creer des  organismes  formalises avec Ia participation  des ONG aux processus  politiques et ceci dans les differents domaines d'action. Voila une  evolution que nous saluons evidemment, parce que nous avons Ia ferme  conviction que !'interaction avec Ia societe civile constitue un  encherissement indubitable de toute demarche politique. Ne citons dans  ce contexte que quelques-uns de  ces organes: conseil superieur de  l'amenagement du territoire, conseil superieur de l'environnement  naturel, conseil superieur concernant les etablissements classes,  consultances  au niveau du developpement aeroportuaire, partenariat  climat, conseil national des medias, conseil
superieur des personnes  agees, conseil national des programmes ... Toutes ces reunions ont
lieu  durant les heures de travail (notamment parce que des fonctionnaires et  des responsables politiques doivent bien evidemment  y participer).
La  participation  des delegues des ONG a ces structures risque de depasser  voire depasse d'ores et deja les ressources des ONG, vu Ia  non-existence  du conge associatif. Les ONG ne disposant pas ou d'un  nombre tres restreint d'employes  se voient dans Ia situation penible de  ne pas pouvoir assurer une presence, pourtant necessaire a tout point  de vue, ou bien d'assurer une presence partielle seulement, - fait qui  leur est des Iars meme reproche. Par ailleurs, meme si quelques  professionnels  pouvaient y participer, nous semmes d'avis   qu' il est  malsain que les benevoles en scient exclus a priori,  resp. que ce  scient toujours les memes « professionnels  » actifs presents pour taus  les themes en discussion.
II nous semble tout a fait   normal que dans une societe du 216  siecle des echanges directs entre  ONG et responsables politiques aient lieu, notamment dans le cadre des  entrevues avec des ministeres, des partis politiques, des chambres  professionnelles... Mais,   a nouveau,  de telles reunions ont tres  souvent lieu durant les heures de travail.
La  communication des ONG se fait regulierement  par voie de presse. Or, il  est un fait que les conferences de presse tenues a 19h00 ne sont guere  appreciees par les journalistes, et ceci pour des raisons bien  comprehensibles. Ainsi les conferences de presse doivent avoir lieu  pendant les heures de travail,  un fait qui rend de nouveau  problematique Ia participation des benevoles.
Les  declarations sur Ia volonte politique mettent en avant le fait que les  themes europeens devraient etre traites de fagon plus directe par les  acteurs de Ia societe civile. Or, vouloir participer a une reunion au  niveau europeen ne peut se faire sans !'existence d'un conge associatif,   - ces reunions ayant surtout lieu   en  semaine et dans une tranche  horaire correspondant  aux obligations professionnelles des benevoles.
Un  conge associatif cible pourrait permettre a des petites ONG d'assumer  certains travaux de base, qui sont de mise pour chaque ONG.
II  faut absolument tenir compte du fait que si l'on veut accorder aux ONG  un statut  de partenaire a part entiere dans Ia societe civile,  !'introduction du conge associatif devient
indispensable.
Nous tenons par ai/leurs a rendre clair que  les ONG signataires de Ia presente estiment qu'il n'est que legitime que les services d'incendie et de secours de sauvetage puissent profiter du conge associatif (nomme conge volontaire), que des arbitres ,des  juges et des entraineurs puissent profiter du conge sportif ... et bien d'autres.
Au vu de ces mesures deja en vigueur, une question se pose  : Sur base de quels arguments vouloir des lors refuser le conge  associatif aux responsables benevoles d'ONG actives dans le domaine  societal?
Dans ce contexte, nous sommes   bien conscients qu'il faut donner un cadre clair et strict au conge  associatif, et que des abus eventuels doivent etre evites  a tout prix.
Nos  organisations sont ouvertes a tout debat relatif aux modalites  concretes concernant le conge associatif. Ceci pour autant que soit  instaure un instrument assez flexible  permettant de faciliter le  travail des ONG, sans  que celui-ci puisse   entrainer des abus. Nos  organisations apprecieraient si les autorites favorisaient un echange et  un discours constructif en Ia matiere.
Permettez-nous des a present  de relever certains  de nos points  cles:
Criteres  d'eligibilite : les criteres d'eligibilite des ONG devraient  correspondre aux domaines d'activite des mouvements de jeunesse, d'asbl  du domaine social, humanitaire, culture!, environnementale.
Le  Luxembourg- un pays transfrontalier, europeen et international: Le texte  prevoit a l'heure que seules des reunions "en relation avec le  Luxembourg" (art. 2) puissent etre considerees comme conge associatif.  Or, des reunions d'organes consultatifs de I'Union
europeenne ou  d'autres organismes dans Ia Grande Region, resp. internationaux, gagnent  en importance et devraient I au meme titre, etre eligibles.
Les  ONG signataires considerent qu'il faudrait egalement inclure des  reunions de reseaux internationaux non officiels dont font partie des  associations du Luxembourg et auxquelles des delegues devraient pouvoir  participer sous couvert du conge associatif. II pourrait s'agir de  reseaux agrees par des organismes comme Ia Commission Europeenne ou le  Conseil de
I'Europe. Ainsi Ia participation a des reunions d'institutions internationales publiques ou privees
devrait etre admise.
Pas  de discrimination des travailleurs frontaliers: Les travailleurs  frontaliers devraient egalement figurer parmi les beneficiaires du conge  associatif pour pouvoir representer une association non-luxembourgeoise  dans des reunions d'instances officielles de leur pays de residence. Ce  principe est d'ailleurs soutenu par le Conseil d'Etat et devrait .   trouver un aboutissement positif.
Responsabilite des ONG et des  employeurs respectifs des benevoles  en cause concernant
Ia  disponibilite du conge associatif : A l'heure actuelle, selon Ia  proposition de loi, une commission encore a creer devrait  statuer sur  le bien-fonde d'une demande de conge associatif. Cette fa on de proceder  est, a notre avis,  trop bureaucratique et ne permettra pas de repondre  a court terme a des besoins specifiques, notamment p.ex. dans le cas de  reunions officielles - souvent fixees dans des delais assez courts. Une  question subsiste done quant a Ia nature et au
choix d'un systeme  repondant aux besoins reels des ONG, et qui est facilement applicable.  En fait, un des leviers pourrait etre celui de responsabiliser davantage  les ONG elles-memes, afin
qu'elles gerent le conge associatif cadre accorde a une ONG, alors qu'il est prevu  que ce soit le
patron qui devrait donner son accord de principe (et non pas une structure etatique).
Relevons  enfin qu'il existe notamment en France un conge de representation, qui  reprend certaines  idees esquissees dans le present avis, mais non pas  toutes.
II est certain que  le conge associatif repond a  un besoin reel et pressant  des ONG. En votant cette mesure  cela  constituerait un signal fort a l'egard  de Ia societe civile car il  porte  Ia reconnaissance du travail et de l'input des ONG dans des  processus de participation et de
consultation societales.
Par  consequent, les ONG lancent  un appel urgent au Gouvernement eta Ia  Chambre des Deputes afin de faire avancer Ia demarche legislative qui  s'impose.. Elles marquent  d'ores et deja leur ouverture pour entamer  tout dialogue en Ia matiere.
ONG signataires:
Action solidarite tiers monde, ASTM
Amities Portugal- Luxembourg, APL
Amnesty International Luxembourg
Association de Soutien aux Travailleurs lmmigres, ASTI
Caritas Luxembourg,
Centre d'etude et de formation interculturelles, CEFIS
Cercle de Cooperation
Confedera ao da Communidade Portuguesa no Luxemburgo, CCPL
Federation des Associations Africaines de Luxembourg, FAAL
Federation des Associations d'Espagnols au Luxembourg, FAEL
Letzebuerger  Velos-lnitiativ
Mouvement  ecologique asbl natur&emwelt,
Oekozenter Letzebuerg
Union Grand - Due Adolphe (Federation  Nationale de Musique du Grand - Duche de
Luxembourg), UGDA